Ce matin en conduisant Andria chez la nounou,


la culpabilité est venue m'écraser l'âme tel un rouleur compresseur. Cette fameuse culpabilité, celle qui ne nous quitte plus depuis la naissance de nos enfants. Celle qui nous ronge de l'intérieur et qui nous fait peser le pour et le contre à longueur de journée. Et bien c'est de celle-ci dont j'avais envie de vous parler ce matin.


Aujourd'hui, je vais probablement emmener Papoute, ma fille de 5 ans et demi, à la plage. Il va faire très chaud et je ne vais pas travailler. Pourtant j'ai décidé de laisser Pipille, 17 mois, chez la nounou. Pour quel motif ? Et bien tout simplement pour profiter de Papoute et lui offrir des moments de "qualité", seule à seule.


"Toc toc toc, c'est la culpabilité à la porte !".

"Entrez, je vous en prie."

J'ai laissé la culpabilité m'envahir et elle a commencé doucement à me tordre les boyaux...


Où sont passés mes principes et mes valeurs, mon éducation proximale dont je suis si fière ? Suis-je incapable de garder mon fils de 17 mois et ma fille de 5 ans et demi EN MEME TEMPS ? C'est au-dessus de mes forces?


Puis je repense aux mots de ma sage voisine lorsque je m'interrogeais sur les semaines de camps de jour à choisir pour Papoute. Je ne voulais pas l'inscrire tout l'été car je voulais passer du temps avec elle. C'est quand même les grandes vacances d'été ! Alors, je la garde en même temps que son frère ? Pour qu'ils profitent de l'été ensemble ? Ou bien je la garde quand Andria est chez la nounou ? Ma voisine m'aide dans ce choix cornélien. "Si tu les prends séparément, tu auras des moments de qualité avec chacun d'eux." La voie de la déculpabilisation raisonne. Je prends en compte cette remarque et je l'inscris au camps de jour lorsque je garde son frère à la maison. Mais je reste pensive...et je culpabilise.


Qu'est on devenu au point de laisser nos propres enfants chez une inconnue les trois quarts du temps. Quand a-t-on perdu de vue nos essentiels, nos familles, nos enfants. Cette facilité que l'on a de se "débarrasser" d'eux pour profiter de nos vacances. Parce que lorsqu'on y pense, nous n'avons que 18 étés à vivre avec nos enfants. (Voire 16 en réalité).


18 étés à étaler la crème sur leurs corps tout doux et tout chauds, à s'éclabousser dans les eaux bien trop froides du Québec, à se faire piquer par les satanés maringouins, à leur construire des souvenirs qu'ils garderont à vie...Leur future Madeleine de Proust.


Comment en est-on venu à conceptualiser le moment de "qualité" avec nos enfants ? Comment faisait-on avant ? Mes ainées étaient-elles plus douées que moi ? Peut-être plus malheureuses / épuisées ? Je m'interroge. Et bien avant, les mères gardaient leurs enfants avec elles. Et ça ne les empêchait pas de passer des moments dit "de qualité" j'imagine.


N'est on pas en train de perdre de vue l'essence même du Bonheur d'avoir des enfants : passer du temps avec eux, les voir grandir, évoluer...


J'avais beau m'interroger, je continuais mon chemin vers la nounou.


La tristesse m'envahit en tournant dans sa rue. J'ai envie de garder Pipille avec moi pour qu'il passe une journée à la plage avec sa sœur et sa maman adorée. A pouvoir téter autant qu'il le souhaite. Le bercer autant qu'il le faudra pour s'endormir. Bref, profiter de moi, sa sœur, sa famille.


Mais je le dépose. Un pincement au cœur. Je l'embrasse et je pars vite, la larme à l'œil.

Je vais retrouver ma 5 ans et demi. Et nous partons préparer les affaires pour la plage.


Avec culpabilité.

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Passer l'été avec ses enfants, à les photographier, à solidifier sa famille, à aimer notre famille !